mardi 3 mai 2011

Etape 1 : M'Bam




LUNDI 25 avril 2011.


Alors qu’en France, les parents vont se lever pour cacher les œufs, la chambre 32 est au taquet et 1ère au pti dej. 1ère leçon : éviter le café, il tord le bide. 2ème leçon : c’est à 6 h du mat' que les moustiques sont les plus coriaces ! 7h30 départ des randonneuses, puis départ pour les coureuses à 8h. « Plus c’est tôt, moins il fait chaud ». Nous nous plaçons sur la ligne de départ. Ça y est, la sénégazelle commence vraiment, on y est ! Après la pluie de Berlin, les averses de Marseille /Cassis, la neige de la Saintélyon, la boue des cross… c’est le sable du Sénégal qui s’offre à nous.

Nous ne sommes bien sûr pas ici pour la performance ( l’année sportive a déjà été bien remplie avec son lot de RP ! ) et pourtant, J’ai envie de courir, d’aller vite, de tout donner pour tous ceux qui nous ont soutenu depuis le début de l’aventure, pour les enfants de France qui vont suivre le blog… je me sens l’âme d’une pétroleuse et lance à Mathilde un : « allez, on finit 1ères ! » … on ne se refait pas… même à des milliers de kilomètres ! Mathilde craint un peu la chaleur mais je me rappelle le 26 septembre 2011 où soit disant elle n’était pas en forme et a finalement détalé sous la porte de Brandebourg me grillant de 14 secondes. On lâche rien, allez les M’zelles ! Le départ est lancé dans la joie et la bonne humeur par Jean-Michel , chaque gazelle joliment vêtue de son maillot rose, et la team des papillons de Charcot gonfle ses ballons au départ ( puis ensuite elle les dégonfle, puis les regonfle à l’arrivée – c’est toute une organisation ! ) . Pour la petite histoire, les papillons de Charcot lutte contre le SLA, une maladie qui paralyse petit à petit. Leurs maris avaient fait le MDS sous les mêmes couleurs en 2010 et leurs femmes ont donc décidé de reprendre le flambeau en 2011. Le quatuor de tête se détache rapidement – nous en faisons partie, mené par Rassoul. Le terrain est assez dur et plat, et nous passons le 1er kilo en 3’47’’. C’est notre allure marathon, donc pas de soucis ! Et pourtant, Mathilde décroche vers le 2eme kilo. Aîe … la chaleur n’est pas son élément. Je rivalise d’imagination pour la booster, et en même temps, je me dis que c’est le 1er jour, il ne faudrait pas se griller. Je ralentis, je blague… mais quand c’est un jour sans, c’est un jour sans ! Nous voyons la tête de course s’éloigner avec regret et mes jambes me démangent… mais nous sommes venues en équipe, alors mon objectif sera de booster Mathilde. Arrive le 1er ravito au 4eme kilo . On s’arrête, et étant toujours à bloc, je me dis, que hop ! ça va repartir ! Je vois une lueur de winneuse dans les yeux de Mathilde – j’y crois, on va filer ! Nous nous élançons vers la 2eme partie de course qui débute par une traversée de village. Tous les habitants sont sur le pas de leurs cases et encouragent les gazelles. « Sala malecoum ! ». je parle et parle pour faire oublier la chaleur, n’écoute pas les conseils des locaux ( « mais que faites-vous ? » « Ben, on court ! ») , et je finis par nous perdre … et j’entrainerais Patti qui fera donc 500 mètres supplémentaires avec nous. Autant dire que cette promenade en extra a été un coup de massue pour le moral de la Mzelle blonde… et vers le 6eme kilo, Mathilde me dit de partir devant. J’hésite puis… l’appel de la course aura eu raison de mes jambes et je file vers l’arrivée ! Je remonte 18 filles ( le négative split le plus impressionnant de ma vie de coureuse !) et finis en sprint. Comment ne pas finir en beauté quand près de 300 enfants vous acclament à l’arrivée ! Ce sera d’ailleurs l’arrivée la plus magistrale de la sénégazelle. D’abord, parce que nous avons traversé un dédale de chemins dans le village et ensuite parce que cette école, dans laquelle la sénégazelle passe depuis près de 10 ans, est maintenant ultra rodée dans l’accueil des coureuses ! A peine arrivée, j’ai la bonne surprise de découvrir que ma super colloc sénégalaise a fini à la 3ème place , chapeau ! Et je file retrouver Mathilde pour l’accompagner sur les derniers 100 mètres. Ouf ! elle semble mieux qu’il y a quelques kilomètres et se classe 23ème. Et puis de toute façon, le classement est vite oublié : l’école de M'Bam nous accueille au son des calebasses, nous fait danser, puis nous avons droit à une chorégraphie parfaitement interprétée par les élèves de CM2 sur l’air de « Sénégal mon pays ». Une danse jugée un peu militaire par certaines mais ce qui m’a personnellement le plus impressionnée, c’est le sérieux et la discipline des élèves – qui aura été confirmée par la suite dans les salles de classe. Après 1 bonne heure de danse, de calins, de musique, … les enfants, venus spécialement pour nous car c’est le lundi de Pâques nous entrainent dans les salles de classe. Nous ne sommes aujourd’hui pas responsables des dotations, ce qui permet de se promener entre les différents niveaux puis de rester avec quelques enfants, qui réclament de se faire prendre en photo. Le numérique a un côté magique pour eux ! Sur les tableaux sont écrits des problèmes de maths, d’IST, des proverbes, mais les murs restent vides comparés à nos classes françaises. Les dotations donneront un peu de couleur… Nous discutons avec les instituteurs qui nous expliquent le principe des olympiades : c’est le nom qui est donné aux examens d’entrée en 6eme. Le directeur est fier de nous annoncer que son école a obtenu 100 % de réussite l’an dernier. Mais déjà l'heure de nous séparer a sonné.

Jean-Michel essaie de rassembler les gazelles pour retrouver les calèches qui nous ramèneront a Foundiougne. C’est dur de dire au revoir aux enfants… Nous nous attachons très vite – et dire que demain, de nouveau, il faudra de nouveau les quitter! Mais tous nous crient à l’année prochaine et , ils se rappellent même nos prénoms. Ils sont impressionnants.

Retour à Foundiougne pour un après-midi bien chargé : préparation des dotations, et cette fois, c’est nous qui allons nous transformer en père Noël avec Elise, Christine et son acolyte. Ensuite, Samba nous a prévu une petite visite en pirogue à la rencontre des pêcheurs. Nous voguons au milieu de la Mangrove, passons à côté du baobab sacré, puis, une fois sur l’île, les pêcheurs nous expliquent la pêche, les poissons fumés et séchés. Inutile de préciser que cela ne passe pas les normes d’hygiène en France… puis nous passons à côté de garçons qui jouent au foot. Bizarrement, l’épisode du bus en Afrique du Sud ne semble pas avoir terni l’image des bleus – même si les enfants sont plutôt fans de Arsenal et Chelsea ! Et ils suivent même les résultats de la ligue 1 ( qui eut cru que Arles Avignon avait des supporters près de Dakar !) . Ils ont des tout petits buts : une méthode pour gagner en précision ? Nous finissons par aller voir une famille à qui nous offrons un peu de lait pour les nouveaux nés. En retour, nous avons de nouveau droit à une danse. On ne se lasse pas de voir les petits danser et bouger comme personne et les femmes sourire comme nulle part. Retour ensuite vers notre campement, où nous attend notre repas. Nous devions accueillir une chorale locale à 20h. En fait, elle est restée bloquée dans un bus, et nous a prévenu vers 22 h.. Comme ils disent là bas « on n’a pas d’heure, on n’a pas de montre, on n’a que du temps ! » . Tant pis pour la chorale, à vrai dire, on est bien contentes d’aller se coucher… l’aventure ne fait que commencer !



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