mardi 7 décembre 2010

Complètement givrées !


Après le CR de la relayeuse 1 , le CR de la relayeuse 2...

Midi a Paris. Il neige.
Les M'zelles et 3 autres dingues partent pour faire 6 heures de route, direction St Etienne. Leur objectif : courir, de nuit, dans les chemins vallonnés séparant Saint Etienne et Lyon. Chacun blague, fait état de son matériel, on regarde une dernière fois Mappy, Via Michelin, histoire de voir si Bison Futé nous conseille de prendre la route. Non ? Bah … Tant pis, faut y aller. Et là, je n’ai vraiment, mais alors vraiment pas envie.
Je comprends au fur et a mesure du panneau « LYON - A6 » que je vais faire un quasi marathon (38 ou 41 km selon les GPS), pour lequel je ne suis pas prête mentalement, je ne me sens pas prête physiquement, et le tout se fera par température glaciale sur glace et neige, avec un départ a 5h du mat, le tout sans avoir dormi avant (ben non, ce serait trop facile sinon !).
Je bougonne, je me plains …. Mes compagnons de route sont d’humeur inaltérable et ont envie de faire partie des « Saintélyonneurs »… Mais moi, j’ai déjà fait ! Certes, en relais de 3, mais j’ai déjà vécu ce moment d’attente dans la nuit, ces milliers de lampes frontales et de cinglés qui se ruent vers la montagne pour se retrouver le lendemain matin avec qq 69 km dans les pattes en plus.

Arrivée au parc des expos vers 19h20, on fait la queue, on récupère les dossards, les cadeaux (le même foulard nipcab qu’a Marseille.. là aussi, j’ai déjà !) , la puce, le gobelet « éco-friendly » , la fiche de sécurité à remplir ( quoi ? c dangereux ? ) et on se dirige vers la Pasta party. Je dois également voir la team de Stéphane, qui fait la Saintélyon en relais de 4. Cela me rassure de savoir que je ne vais pas attendre Mathilde A à Ste Catherine toute seule dans le froid pendant 2 heures … Car non seulement, le relais 2 est plus long (38km vs 30 km) , plus tard ( départ vers 5/6h au lieu de 2h), mais en plus, il est inaccessible en voiture ! Ce sera donc notre team de 3 (Alice, Pascal, Sophia) qui prendra la Saxo et je serais donc délaissée dans la navette … ( j’ai tjs pas envie, je calimérote !)
Barquette de pates en open bar (emmagasinons les glucides !) et direction le hall 1 où il va falloir patienter jusque 2h. Cela nous donne l’occasion d’épier le matériel des compétiteurs : l’an dernier, beaucoup avaient misé sur l’accessoire fun, le déguisement. Cette année, prudence avant tout : les oreilles de Mickey ont laissé place a des bonnets ultra techniques et les chaussettes de foot roses sont remplacées par des guêtres ( et même des guêtres Léopard… Les miennes sont noir classiques, je suis jalouse :-) !). Nous croisons Barbie qui a fait la parcours dans l’autre sens : ce n’est pas sa 1ère Saintélyon et elle n’a jamais vu autant de neige… elle nous parle de 70 cm de neige, de 8cm de verglas… Ca promet ! nous nous équipons en conséquence. La course part à 2h et ce sont donc Mathilde et Alice qui démarrent les 2 relais. J’ai retrouvé Valérie de l’équipe de Stéphane. Nous assistons au coup de sifflet et filons vers la navette qui nous emmènera vers Ste Catherine. Je me demande toujours ce que je fais là…Il fait très froid et rien que dans le centre de Saint Etienne, ça glisse ! Je n’ose même pas imaginer les sentiers de montagne…
La 1ere bonne nouvelle est que nous pouvons patienter dans le bus, au chaud. A 3h du mat’, je me la jouerai bien équipe de France (il fait chaud dans le bus !). Puis j’appelle Alice, qui est arrivée et me dit que Mathilde n’était pas au top. Cela m’inquiète… Mathilde, toujours motivée, toujours en forme … j’essaie de l’appeler mais je tombe sur son répondeur. Je suis persuadée qu’elle n’a plus de batterie, et je décide donc de sortir du bus en même temps que Valérie. Nous nous décidons a affronter le grand froid a 4h30. nous voyons les relayeurs 1 et 2 arriver, plus ou moins cassés, plus ou moins en forme, mais tous soulagés d’arriver ! Puis Valérie s’envole vers Soucieux vers 5 h du mat et je reste un peu avec son mari … et j’attendrai jusque 6 h : une attente interminable ! dès son arrivée, Mathilde me donne des infos sur les conditions… Cela ressemble plus à des pistes de ski !!! le 1er relais est censé être a St Genou dans seulement 4km. Je suis toute seule a courir, et j’accélère pour rattraper du monde. D’abord, parce que courir toute seule, c’est pas drôle, et en plus, ma lampe n’est pas très puissante, je compte sur les lumières d’autres coureurs ! Mais dès 8 minutes, je réalise que la Saintélyon est une course… où on ne peut pas courir ! Moi qui pensais me réchauffer et qui sautillais depuis 1h, je suis vite bloquée dans mon élan … 10 minutes … Badaboum ! 1ère chute !!!! Ce sera la 1ère d’une longue série de … 18 chutes !
Je commence a bien comprendre le fameux esprit Saintélyon : on se donne la main pour franchir les ravins glacés, escalader les branches, on tente des passages plus neigeux que verglacés, on attrape le bâton que nous tend le coureur devant, on écoute les conseils des montagnards, on se fait rattraper dès que l’on tombe… Plusieurs coureurs ont même prévus des crampons. Si j’avais su j’aurais mis une paire de pointes dans mon sac ! Le 1er ravito fait son apparition au bout de .. 1h10 !!!! je me renseigne et on m’informe qu’il est en fait à 7 à 8 km de Ste Catherine. Ouf .. sinon … cela signifierait que j’en avais encore pour 10 h de course, avec une arrivée a 16h … me voilà – un peu – rassurée ! Tout le monde assure qu’on a fait le plus dur. Une boisson chaude, des gâteaux apéros, et c’est reparti ! Je découvre alors la fameuse descente du bois d’Arfeuil : je ne sais pas quel est le moyen le plus adapté pour cette descente : ski, luge, raquette, rappels, tarzan entre les branches ? Je choisis l’option « pataugeage dans la neige sur le bas côté » et regarde avec amusement ceux qui ont choisi l’option « glissage sur les fesses ». Les coureurs ont un peu pitié de moi avec mes Salomon qui glissent, mais l’esprit Saintélyon est là ! Ce sera l’occasion de faire des rencontres sympathiques, même si je serais incapable de reconnaître la moitié (bonnet + écharpe + passe montagne + nuit…) ! Je profite du paysage et cours dès que je peux. La notion de chrono est depuis bien longtemps oubliée, et je ne voudrais surtout pas me blesser pour la saison des cross qui arrive : PRUDENCE ! Je sais que la fin sera plus facile, et doucement, le jour se lève. Le soleil se levant sur les paysages a un côté idillyque, mais je regrette de ne pas avoir couru plus longtemps en pleine nuit… Le 2ème ravito, correspondant au relais 3, est de nouveau bien apprécié : je suis un peu décalée dans mes repères journaliers, mais j’ai l’impression que c le matin, et je décide de passer au sucré : thé et BN ! Et c’est reparti : la suite est plus facile que ce que j’ai fait jusqu'à maintenant. Désormais, les kilos sont affichés : ça sent la fin ! Nous traversons des villages pittoresques et toujours enneigés. Avec ce temps et l’heure matinale, nous ne rencontrons pas de supporters mais des messages laissés ça et là par les habitants devant chez qui cette mythique course passe depuis 1951 ! Des bonhommes de neige nous disent de tenir le coup ! Et nous retrouvons enfin le bitume… Non pas que ce soit plus joli, mais on peut enfin courir plus de 5 minutes sans s’arrêter : mes jambes me démangent !
Désormais, je n’ai qu’une envie : ARRIVER et COURIR ! Il reste tout de même des passages cahotiques : les escaliers a 15 k de Lyon, les petits ponts glissants, la grande montée de bitume aprèss le dernier ravito … Ce n’est pas de tout repos. Mais plus rien ne me fait peur, je sais maintenant que je vais finir et ne pas me blesser. Le ciel s’assombrit et je me vois déjà finir les 10 km sous la pluie… Les randonneurs étant partis avant nous, et étant partie un peu tard, je double pas mal de marcheurs (et il faut aussi éviter les bâtons !), j’aurais bien aimé trouver une troupe de coureurs pour finir a plusieurs, mais c'est au final en solo que je vais longer les quais de Lyon, parfaitement adaptés pour les rollers l’été mais 100 % glissants par temps de neige ! On passe sur un pont et, alors que nous finissons l’aventure, les lyonnais reprennent une vie normale et vont acheter leur pain pour le repas dominical (ils ont dormi comme tout être normal, eux ;-). Le parc de Gerland se profile, et quelques courageux sont là… je finis quand même en sprint ! Bizarrement, mes coéquipiers, après une nuit blanche et 7 ou 5 heures d’attente, ne sont pas là pour la Ola ;-). Pas droit aux T shirts, je me rabats sur le sandwich Rosette Lyonnaise.
Malgré un temps loin d’être remarquable, je suis contente d’avoir parcouru près de 40km, sans y être préparée, et sans être fatiguée, blessée ou courbaturée. J’ai vu de très beaux paysages, et ça aura été une bonne prépa mentale … ( Et … si j’avais su, ben j’aurais pas ronchonné tout le samedi – merci a mes 4 accolytes de m’avoir supportée ! ) . C’est finalement à la pause brunch chez la sœur d’Alice que nous réalisons ce que nous avons accompli, et aussi que nous passons pour des fous. Heureux de l’avoir fait, même avec un genou en moins et qq microbes en plus pour certaines…

Après la pluie, la tempête et la neige, on attend avec impatience le soleil du Sénégal !

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